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Les grottes d’Ajanta, situées dans l’État du Maharashtra en Inde, figurent parmi les trésors les plus précieux du patrimoine mondial. Inscrites à l’UNESCO en 1983, ces grottes racontent l’histoire du bouddhisme à travers leurs fresques, sculptures et architectures, couvrant une période de près de 800 ans. Ce site est une source inestimable pour comprendre l’évolution de la foi bouddhiste en Inde, passant du bouddhisme hinayana au mahayana.

Contexte historique des grottes d’Ajanta

Le site d’Ajanta est remarquable pour différents aspects. D’abord, il nous montre l’évolution du bouddhisme en Inde. Ensuite, ce site a été financé par les empires qui gouvernaient la région.

Rapide description des grottes

Les grottes d’Ajanta, taillées dans une falaise en forme de croissant au-dessus de la rivière Waghur, comptent 30 grottes bouddhistes. Leur construction a commencé vers le IIe siècle av. J.-C., durant l’ère Satavahana, et s’est poursuivie jusqu’au VIe siècle, sous la dynastie Vakataka. Ces grottes servaient à la fois de monastères et de sanctuaires pour les moines bouddhistes.

La division des grottes entre le bouddhisme hinayana et mahayana reflète les différentes phases religieuses et artistiques :

  • Hinayana (ou Theravada) : La phase initiale, caractérisée par une absence d’idoles du Bouddha, se concentre sur les stupas et symboles comme la roue ou l’arbre Bodhi.
  • Mahayana : La phase plus tardive, plus complexe, introduit des représentations anthropomorphiques du Bouddha, souvent entouré de bodhisattva.

Les empires derrière le site d’Ajanta

Deux empires vont se succéder à Ajanta : les Satavahanas et les Vakakalas.

L’Empire Satavahana (IIe siècle av. J.-C. – IIIe siècle après. J.-C.)

L’Empire Satavahana, également connu sous le nom d’Andhra ou Andhradesa, est l’une des premières grandes puissances régionales à émerger en Inde après la chute de l’Empire Maurya. Cet empire, qui a prospéré dans la région du Deccan, a joué un rôle crucial dans l’histoire économique, culturelle et religieuse de l’Inde ancienne.

Origines et expansion

Fondé vers le IIe siècle av. J.-C., l’Empire Satavahana a vu son apogée sous des souverains comme Gautamiputra Satakarni et son fils Vasisthiputra Pulumavi. Ils ont établi leur contrôle sur une grande partie de la région centrale de l’Inde, incluant le Maharashtra, le Telangana, l’Andhra Pradesh et le Madhya Pradesh.

Les Satavahanas sont connus pour avoir maintenu une structure de pouvoir décentralisée, permettant aux dynasties locales de conserver une certaine autonomie tout en reconnaissant leur suzeraineté.

Administration et économie

Les Satavahanas sont célèbres pour leur système administratif structuré. Les inscriptions Satavahanas, souvent gravées sur des piliers ou des grottes, mentionnent des termes comme rajaka (roi), amatya (ministres) et mahamatra (officiels).

L’économie de l’empire était principalement basée sur l’agriculture, le commerce et l’artisanat. Les Satavahanas ont été des acteurs clés du commerce maritime, reliant l’Inde aux ports de la Méditerranée, d’Asie de l’Est et du Golfe.

Culture et religion

Le règne des Satavahanas a vu une grande floraison culturelle. Ils ont favorisé le développement des langues régionales comme le prakrit tout en soutenant les traditions védiques et bouddhistes. Les premiers vestiges architecturaux des grottes d’Ajanta datent de cette période, notamment les stupas des grottes 9 et 10, qui reflètent les valeurs bouddhistes hinayana.

Les Satavahanas étaient également des mécènes actifs des arts plastiques, comme en témoigne la célèbre sculpture en pierre et en ivoire trouvée à Amaravati.

L’Empire Vakataka (IIIe siècle – VIe siècle)

L’Empire Vakataka a succédé aux Satavahanas dans le Deccan et est devenu l’un des principaux promoteurs de la culture, de l’art et de la spiritualité dans l’Inde ancienne. Leur patronage des grottes d’Ajanta a marqué un tournant artistique et religieux majeur.

Origines et expansion

Fondé par Vindhyashakti vers le milieu du IIIe siècle, l’empire Vakataka a atteint son apogée sous le règne de Rudrasena II et de Pravarasena II. Contrairement aux Satavahanas, les Vakatakas étaient fidèles à l’hindouisme, en particulier au culte de Vishnu et Shiva.

Leur royaume s’étendait sur le Maharashtra, le Madhya Pradesh et une partie de l’Andhra Pradesh. Par des alliances matrimoniales, les Vakatakas ont renforcé leur pouvoir, notamment grâce à leur union avec les Gupta, la dynastie dominante du nord de l’Inde.

Patronage culturel et artistique

Les Vakatakas sont surtout connus pour leur mécénat des arts bouddhistes mahayana. C’est sous leur règne, notamment celui de Harishena (dernier grand roi Vakataka), que les grottes d’Ajanta ont été agrandies et ornées des fresques somptueuses que nous connaissons aujourd’hui.

Les grottes 1, 2, 16 et 17 d’Ajanta, qui illustrent des scènes des Jatakas et des récits de la vie quotidienne, témoignent du raffinement artistique et de l’attention aux détails des artisans de cette époque.

Religion et administration

Bien que les Vakatakas aient favorisé l’hindouisme, leur règne a été marqué par une tolérance religieuse. Cette coexistence est visible dans les grottes bouddhistes qu’ils ont parrainées.

Leur système administratif était similaire à celui des Satavahanas, avec un contrôle décentralisé et une autonomie relative pour les gouverneurs locaux.

Apogée et déclin du site d’Ajanta

Le site d’Ajanta fut un site bouddhiste de premier ordre jusqu’au VIe siècle avant de connaître un déclin. À partir du IXe siècle, il sera abandonné et oublié jusqu’en 1819.

Apogée des grottes d’Ajanta

L’apogée du site coïncide avec celle du bouddhisme en Inde. Deux moines chinois vont nous donner une idée de l’effervescence spirituelle qui traversait l’Inde à l’époque.

Faxian et Xuanzang sont deux figures majeures dans l’histoire des pèlerinages bouddhistes entre la Chine et l’Inde. Voici plus de détails sur leurs voyages et leurs liens possibles avec les grottes d’Ajanta.

Faxian (337 – 422)
  • Contexte de son voyage : Faxian entreprit son voyage en Inde au début du Ve siècle pour collecter des textes sacrés bouddhistes, notamment les Vinaya (codes monastiques) et les sutras. À l’époque, le bouddhisme florissait en Inde, et des sites comme Ajanta étaient des centres importants pour les moines et les pèlerins.
  • Itinéraire : Il traversa la région du Gandhara (aujourd’hui au Pakistan), l’Uttar Pradesh et le Bihar, visitant des lieux sacrés bouddhistes comme Bodh Gaya, Sarnath et Kushinagar. Il ne mentionne pas Ajanta directement, mais il décrit des monastères bouddhistes qui pourraient avoir des similitudes avec le site d’Ajanta, notamment ceux situés dans des grottes naturelles ou artificielles.
  • Contributions : Son ouvrage, Le Récit des royaumes bouddhistes (Foguo Ji), est une source précieuse pour comprendre le bouddhisme indien au Ve siècle. Bien que les grottes d’Ajanta ne soient pas nommées, Faxian décrit la prospérité des monastères et l’art bouddhiste qui correspond à l’époque où Ajanta était en plein essor.
Xuanzang (602 – 664)
  • Contexte de son voyage : Xuanzang est connu pour son pèlerinage en Inde au VIIe siècle, un siècle après l’apogée d’Ajanta. Son but était d’approfondir ses connaissances bouddhistes et de ramener des textes sacrés en Chine. À cette époque, le bouddhisme commençait à décliner en Inde, mais des sites comme Ajanta étaient encore partiellement actifs.
  • Itinéraire : Xuanzang visita les grandes universités bouddhistes comme Nalanda et des sites monastiques à travers le nord et le centre de l’Inde. Son itinéraire l’amena dans la région des Ghats occidentaux, proche d’Ajanta. Bien qu’il ne nomme pas spécifiquement les grottes, il décrit des monastères rupestres dans des montagnes similaires.
  • Description des monastères : Xuanzang mentionne des monastères bouddhistes où les moines pratiquaient le Mahayana, dans des complexes décorés avec des fresques et des sculptures, des éléments caractéristiques d’Ajanta. Il évoque également le déclin de certains centres religieux à cause de l’essor de l’hindouisme et des invasions locales, ce qui reflète la situation à Ajanta à cette époque.
  • Contributions : Son œuvre, Les grands Tang dans les royaumes occidentaux (Da Tang Xi Yu Ji), est une mine d’informations sur l’état du bouddhisme et l’art indien. Elle offre un aperçu indirect sur des sites comme Ajanta.
Pourquoi leurs récits sont liés aux grottes d’Ajanta
  1. Chronologie : Faxian voyagea pendant l’apogée d’Ajanta, tandis que Xuanzang visita l’Inde lorsque l’activité bouddhiste dans la région commençait à décliner. Leurs écrits, bien que ne mentionnant pas directement les grottes, décrivent des environnements similaires.
  2. Grottes monastiques : Les deux pèlerins décrivent des monastères bouddhistes taillés dans la roche, où les moines vivaient et méditaient, une caractéristique emblématique d’Ajanta.
  3. Art bouddhiste : Les récits de Xuanzang, en particulier, mettent en avant l’importance des fresques, des sculptures et de l’architecture monastique, ce qui correspond à l’art d’Ajanta.

Déclin et oubli

Avec le déclin du bouddhisme en Inde et le changement des routes commerciales, le site perdit progressivement son importance et fut abandonné, enseveli sous la végétation dense des ghats occidentaux. Pendant des siècles, Ajanta resta oublié.

Redécouverte des grottes d’Ajanta

En 1819, un officier britannique, John Smith, lors d’une expédition de chasse va être intrigué par un arc taillé dans la roche. Il décide d’aller voir de plus près. Il va redécouvrir le site oublié. Émerveillé par la beauté des fresques intactes, il initia des efforts pour documenter et préserver ce trésor de l’art indien ancien, marquant ainsi le début de la reconnaissance mondiale du site comme un chef-d’œuvre du patrimoine culturel.

Les courants bouddhistes et leur évolution

Comme toute religion, le bouddhisme est traversé par de nombreux courants. Chaque courant se divise en différentes écoles que nous n’aborderons pas ici. Chacun ayant des particularités propres.

Hinayana (ou Theravada)

Le bouddhisme hinayana, dominant lors des premières phases d’Ajanta, met l’accent sur la vie monastique stricte et la méditation. Les grottes construites durant cette période incluent des stupas en pierre, symbolisant l’illumination de Bouddha, sans idolâtrie. Des moines suivaient les enseignements fondamentaux tels que le Noble Octuple Sentier et les Quatre Nobles Vérités. Les bouddhistes hinayana cherchent l’éveil pour eux-mêmes. Les pays qui sont majoritairement hinayana sont la Birmanie, la Thailande, le Laos et le Camboge.

Mahayana

Au fur et à mesure que le bouddhisme s’est étendu, il a évolué vers le mahayana, qui introduit la notion de bodhisattva : des êtres éclairés qui choisissent de rester dans le cycle de la renaissance (samsara) pour aider les autres à atteindre la libération. Proche de l’éveil, le bodhisattva fait le vœu de rester dans le samsara Les grottes mahayana d’Ajanta sont décorées de fresques somptueuses et de sculptures montrant le Bouddha dans diverses poses et mudra (gestes symboliques). Les pays mahayana sont le Sri Lanka, le Vietnam, la Chine, Taiwan et le Japon.

Vajrayana

Le vajrayana, également connu sous le nom de bouddhisme tantrique, est apparu plus tard en Inde. C’est le bouddhisme qui se développera principalement dans l’Himalaya et le Tibet. Il reprend tous les concepts du Mahayana mais l’enrichit de pratiques tantriques et ésotériques qui permettent d’atteindre l’éveil plus rapidement.

Description des grottes d’Ajanta

Les 30 grottes d’Ajanta peuvent être divisées en deux groupes principaux :

  • Grottes Hinayana (Ier-IIe siècle av. J.-C.)
    Grottes 9, 10, 12, 13 et 15A
  • Grottes Mahayana (Ve-VIe siècle après. J.-C.)
    Grottes 1 à 8, 11, 14, 15, 16 à 29

Voici une description des plus remarquables :

Grotte 1 : Padmapani et Vajrapani

Célèbre pour ses peintures détaillées, cette grotte abrite des fresques représentant des scènes des Jatakas (contes des vies antérieures du Bouddha). Les peintures les plus connues incluent celles du Bouddha enseignant et du bodhisattva Avalokiteshvara. Cette grotte est un exemple parfait de l’art mahayana. Vous trouverez dans cette grotte, la peinture qui est le symbole d’Ajanta. C’est celle du bodhisattva Padmapani.

Unesco dans le Maharashtra, circuit en inde

Padmapani

Grotte 2 : la grotte la plus féminine

Les fresques ici décrivent des scènes de la vie quotidienne, mêlées à des récits bouddhistes. La représentation des mères et des enfants est particulièrement émouvante. Le financement de la grotte 2 d’Ajanta est attribué à la reine Vakataka Varahadevi, qui était la principale épouse de l’empereur Harishena de la dynastie Vakataka. Harishena était l’un des principaux mécènes des grottes d’Ajanta à la fin du Ve siècle de notre ère. Les plafonds décorés montrent des motifs floraux et géométriques.

Grotte 10 : La redécouverte des grottes

C’est la première grotte que John Smith a visitée en 1819.

Cette grotte, de style hinayana, est un chaitya-grihas (salles de culte) contenant un stupa. Les fenêtres en forme de fer à cheval permettent une lumière naturelle dramatique, illuminant les stupas en pierre. C’est la première grotte que John Smith va redécouvrir en 1819 lors de sa partie de chasse.

Grotte 16 et 17 : Des grottes essentielles

Cette grotte est souvent appelée le cœur spirituel d’Ajanta. Les peintures montrent des récits complexes des Jatakas, les vies passées de Bouddhe, dont le Mahajanaka Jataka ou Hasti Jataka. Ce fut sûrement un lieu d’enseignement important pour la communauté religieuse. Le sanctuaire abrite une statue impressionnante du Bouddha.

Grotte 24 : la grotte non terminée

Cette grotte est importante pour comprendre les techniques de construction. En effet, dans toutes les grottes du Maharashtra, les techniques de contruction sont identiques. Les grottes ont été creusées de l’avant vers l’arrière et du haut vers le bas. Cette grotte qui n’est pas terminée nous permet de voir ces techniques de construction.

Grotte 26

Une grotte chaitya mahayana, elle est connue pour sa sculpture massive représentant le Parinirvana du Bouddha (son entrée dans le nirvana final). Les sculptures environnantes montrent des scènes de bodhisattva et d’autres figures divines.

Comment se rendre aux grottes d’Ajanta

Les grottes d’Ajanta sont bien connectées par voie terrestre et aérienne :

  • Par avion : L’aéroport le plus proche est celui d’Aurangabad, situé à environ 100 km. Des vols réguliers relient Aurangabad à Mumbai, Delhi et d’autres grandes villes.
  • Par train : La gare de Jalgaon (59 km) est un point d’accès clé pour les voyageurs venant d’autres villes de l’Inde.
  • Par route : Des bus publics et des taxis privés sont disponibles depuis Aurangabad et Jalgaon. Les routes sont bien entretenues.
  • Service de taxi : Nous vous proposons un service de taxi qui peut vous emmener aux grottes d’Ajanta depuis Aurangabad. Le chauffeur professionnel viendra vous chercher à votre hotel et vous emmenera jusqu’au point de vue surplombant le site. Vous pourrez ensuite commencer votre visite ou vous rendre au parking pour commencer la visite d’en bas. Une fois arrivé, les grottes sont accessibles via une navette.

Conseils pour les visiteurs

  1. Meilleur moment pour visiter : De novembre à mars, quand le climat est agréable.
  2. Heures d’ouverture : De 9h00 à 17h30. Les grottes sont fermées le lundi.
  3. Guide ou audioguide : Engagez un guide local ou louez un audioguide pour mieux comprendre les récits complexes des peintures et sculptures.
  4. Préparation : Portez des chaussures confortables et emportez de l’eau. La marche entre les grottes peut être fatigante.

Les grottes d’Ajanta sont un des nombreux trésors de la région d’Aurangabad. N’hésitez pas à nous contacter afin de préparer votre voyage avec nous.

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